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Photo du rédacteurFrédéric Parmentier

What are we fighting for?

Dernière mise à jour : 22 mars 2022


En grande conversation la semaine dernière avec mon amie Béatrice, je lui confiais mes états d'âme sur le caractère prétendument dérisoire de mon activité de Nudge Music Management dans les circonstances tragiques que nous vivons. C'est alors qu'à ma grande surprise, elle me révéla mon erreur par cette citation d'une des figures du siècle précédent, Winston Churchill. Je décidais de me jeter dans l'aventure d'une playlist témoin de cette époque difficile afin de rendre à César ainsi qu'à la musique ce qui leur appartiennent : un trait d'union entre humanité, politique et économie. Merci Béa pour cette salutaire inspiration...


En d'autres temps donc, le spectre de la pression financière se présenta à Churchill par le biais de ses bons conseillers. N'entendant pas de cette oreille, notre Winston avisé donne en quelques mots une grande leçon de politique : pour quoi nous battons-nous?

Quel est le sens de tout ça, des sacrifices, des larmes, des pertes?

Alors qu'un virus semble chassé par un vil russe, si une terreur remplace un effroi, la noble politique devrait à l'instar de la proposition de Churchill, nous conduire au bon sens avec sang froid. Il est une hiérarchie à respecter dans l'ordre du monde que nous avons semble-t-il oublier : l'économie est au service de la politique (et non le contraire comme nous le vivons depuis des décennies), laquelle est au service de l'art....de vivre en humanité y compris et surtout dans ces instants les plus périlleux, les plus tragiques. Une leçon de l'histoire quand l'histoire paraît bégayer puisque tout nous indique que nous avons perdu la mémoire dans un amnésie politique collective.

"If you want blood (you got it)" AC/DC

En parlant de mémoire, j'ai donc fait appel à la mienne pour rendre au travers d'une playlist témoignage de l'héritage inspirant de quelques uns de mes héros musiciens à la lumière des récents évènements.

Le bal commence sous l'expression sanglante d'un courant alternatif né en Angleterre à la fin des années 60, le hard rock, dont AC/DC fut le porte drapeau le plus populaire durant les deux décennies suivantes. Le genre n'est pas anodin car il fut probablement le fruit de la génération née de la guerre, dans les affres des bombardements qui couvrirent le sol anglais. Je pense bien sûr aux Kinks, Who, Led Zep et autres Deep Purple notamment. Si le rock était américain, le hard sera anglais, résonance brute et énergique faisant écho aux vibrations et aux chocs traumatiques vécus et évacués à coup de riffs rageurs sur des guitares qui saturent des amplis vrombissants Marshall.

Coup de poing de batterie épicé au riff vengeur d'Angus Young, le titre commence ainsi: "c'est un crime, il devrait y avoir une loi...". Le cri de Bon Scott nous refait le coup de la loi du Talion et nous retranscrit à sa manière sa version de l'oeil pour l'oeil : "Si tu veux du sang tu l'as". La messe est dite, l'invasion de l'Ukraine par Poutine (un nom qui n'est malheureusement pas celui d'un plat populaire canadien) sera le début d'une escalade sanglante et destructrice....

"Argent trop cher" Téléphone

Dans l'hexagone, c'est Téléphone qui donne le la de la révolte de l'expression rock dans son album le plus sombre de 1980, "Au coeur de la nuit". "Argent trop cher" vient nous avertir : "Prenez un enfant et faîtes en un roi/ Couvrez le d'or et de diamant/ Cachez-vous en attendant/ Vous n'attendrez pas longtemps..." S'il nous est bien difficile de nous représenter le maître du Kremlin enfant, on voit bien en quoi un système oligarchique uniquement fondé sur l'argent nous conduit. Que n'avons nous pas entendu les conseils de nos 4 mousquetaires du rock? Où nous on conduit nos intérêts économiques?

"Masters of war" Bob Dylan

Flashback et changement de tempo :1962, le monde est au bord du gouffre...La crise des missiles nucléaires pointés par l'URSS de Cuba en direction des Etats Unis consitue le climax des tensions de la guerre froide.

Un après, dans son second album, Bob Dylan, est en "roue libre" dans l'expression la plus pure de son folk protestataire.

Extrait choisi :


"Je vous pose la question

Votre argent est-il bon

Paiera-t-il votre pardon

Le croyez-vous vraiment

Vous verrez bien, je crois

Quand la mort prélèvera son tribut

Que l'argent amassé

Ne rachètera pas vos âmes".


Il a fallu plus de 50 ans pour faire de Dylan un Nobel de littérature. Je me demande s'il n'eut pas au moins davantage mérité celui de la paix tant son oeuvre est centrée sur la justice. Les "maîtres de la guerre" sont nombreux aujourd'hui et semblent dicter leur loi au-delà de logique vitale. Pour combien de temps encore?

"Paranoïd androïd" Radiohead

Ici, Thom Yorke et ses acolytes, pose la question du délire paranoïaque qui s'empare du souverain. Gageons que les meilleurs experts en psychiatrie sont sur le pont pour aider le monde diplomatique à résoudre le problème du dictateur à l'initiative du conflit.

"Nazi rock" Serge Gainsbourg

Enfant juif à l'étoile jaune, le jeune Lucien Ginsburg, 12 ans fuit Paris direction la région du Limousin avec sa famille afin d'échapper à la menace de rafle du régime nazi. Sous le faux nom de Lucien Guimbard, c'est le proviseur du collège Saint-Léonard de Saint-Cyr où il a protection, Louis Chazelat, qui lui sauvra la vie. Prévenu d'une décente de milice imminente, il donne une hache à Lucien et lui dit de se cacher dans les bois. Petit poucet devenu chanteur légendaire, notre Serge iconoclaste sort du bois et règlera définitivement ses comptes à sa manière aquaboniste, dérisoire et glam dans un titre qui tombe les masques du nazisme. Ici, c'est Gainsbourg qui commande et mène le bal dans un travestissement ridicule et dérisoire. Lucien et son étoile jaune triomphe par KO du nazisme par une simple danse. Toute la subversion du rock'n roll est là exprimée en 3:10 mn top chrono.

Le tour de force chez le chef de guerre russe, c'est la victimisation qu'il arrive à faire passer à la majorité de son peuple : l'ennemi c'est l'autre, le nazi c'est l'autre. Des étoiles où il se trouve, Gainsbourg le goguenard d'origine russe réplique encore : on va danser le Nazi rock Vladimir?

"Résiste" France Gall

Avec Michel Berger, France Gall s'est affranchie de la tutelle de Gainsbourg pour son plus grand bonheur et nous livre un hymne existentiel feelgood qui résonne encore de nos jours. Si "Tant de liberté pour si peu de bonheur" semble être destiné à bousculer l'étroitesse de nos vies, la résistance dont fait preuve la nation ukrainienne fait aujourd'hui toute notre admiration. Sans oublier les manifestants russes au régime despotique qui prennent les risques que l'on connaît et qui méritent tout autant notre respect à travers leur courage.

"Fragile" Sting

Difficile de faire un playlist sur la triste actualité sans évoquer cette chanson de Sting qui fut chantée à de nombreuses reprises après les attentats qui ont malheureusement marqués de manière indélébile le tournant du millénaire. A l'instar du coupe Gall/Berger, Sting a toujours soutenu les causes les plus humanistes, faisant honneur à sa profession à travers son immense talent.

"Louise" Gérard Berliner

C'est heureux, nous n'avons pas connu la guerre. Prisonniers de nos écrans, miroirs de nos êtres déconnectés à la vie, nous incarnons le mythe platonique de la caverne. Dans notre ère mediatico-digitale, nous voyons des ombres distantes des guerres à travers des écrans devenus l'extension de nos egos. Dans le Nudge, on appelle cela un biais cognitif. Jusque récemment, mis à distance par nos beaux miroirs, plus rien ne nous touchait, aucun conflit. Au déni des conflits qui déchirent le monde, nous nous sommes crus à l'abri du pseudo confort de nos fictions. Les images que nous percevons des conflits dans le monde n'ont ni l'odeur, ni le goût du sang. Les reportages, les opinions, les coeurs sont jusqu'alors restés sourds aux cris de désespoir des flux migratoires aux couleurs insuffisamment pâles. Nos jeux de guerre videos ne nous font ni porter le handicap des stigmates des blessures, ni celles des souffrances humaines.

Surexposée, la guerre était devenue absente par sa banalisation. Digitalisée, nous ne la touchons plus du doigt, mais seulement d'un oeil devenu aveugle de nos mémoires humaines défaillantes.

Heureusement la petite musique d'une chanson oubliée est là pour nous faire un rappel historique salutaire. Si le nom de Gérard Berliner ne vous dit rien, peut-être vous souvenez vous de "Louise", égérie poignante d'une grande chanson, assurément l'une des plus belles du répertoire français. Dans le livre "les 1000 chansons préférées des français" de Thomas Pawlowski, un des paroliers de Bashung, Jean Fauque répond à la question suivante : quelles sont les chansons du répertoire français que vous auriez voulu écrire? Réponse sans appel : "....ce monument incroyable paru en 1982, Louise de Gérard Berliner, sur un sublime texte de Frank Thomas. Une merveille d'écriture élégante qui raconte la souffrance de gens du peuple à l'époque de la guerre de 14, absolument bouleversante, que je ne peux écouter sans que viennent les larmes."

Inconnu du grand public, Frank Thomas est pourtant un auteur qui a compté dans la variété française tant ses contributions furent nombreuses à son répertoire auprès d'artistes populaires. On lui doit nombre de tubes du genre qui firent le bonheur des seventies : l'Aventura, Made in Normandie de Stone et Charden, Dites moi de Jonasz, La musica de Patrick Juvet, Le lundi au soleil, le téléphone pleure pour Claude François, sans oublier pour Joe Dassin, Siffler sur la colline, Marie-Jeanne, etc, etc...

Pour essayer de comprendre ce qui a permis à Frank Thomas d'incarner avec tellement d'humanisme cette Louise, il faut probablement chercher du côté de ses origines familiales. Né en 1936, de parents résistants, il est probable que son histoire familiale lui ait inspiré cette chanson sur la guerre sous les traits de son héroïne déchirée, Louise.

Extrait choisi :

"lls sont partis vaille que vaille

Mourir quatre ans dans les tranchées

Et l'on racontait leurs batailles

Dans le salon après le thé

Les lettres qu'attendait Louise

C'est le Bon Dieu qui les portait

La guerre qui séparait Louise

C'est le Bon Dieu qui la voyait...".


Triste rebond de l'histoire, ce sont des milliers de Luyiza et leurs familles qui souffrent aujourd'hui auxquelles les regrettés Gérard Berliner et Frank Thomas rendent hommage dans leur chanson qui est au coeur du coeur de cette playlist.

"Lascia ch'io pianga" Rinaldo, acte 2, Georg Friedrich Haendel

Sur fond de croisade, la guerre toujours, avec pour objet cette fois la religion, le livret de l'opéra d'Haendel, retrace les déboires, les amours d'Alminera et Rinaldo contrariés par les effets maléfiques. Cécilia Bartoli interprète de sa voix céleste le passage le plus fameux au coeur du 2ème acte : "Laisse moi pleurer mon destin cruel..."

"Love's in need of love today", Stevie Wonder

"Little Stevie" est devenu grand dès le début des années 70 avec un série d'albums témoins d'une amérique gangrénée par les problèmes raciaux et la guerre du Vietnam. Dans ce contexte, il prophétise le triomphe de l'amour sur la haine dans son Opus Everest, le bien nommé double album Songs in the key of life dont est tiré ce titre.

Extrait choisi :


"Les forces du mal projettent

De faire de toi leur possession

Et ça va arriver si on les laisse

Détruire tout le monde

Nous devons tous prendre

Des mesures respectueuses

Si l'amour et la paix sont tes trésors

Alors écoutes moi quand je dis que

L'amour a besoin d'amour aujourd'hui

Ne remets pas à plus tard

Envoies le tiens tout de suite

La haine circule

Brisant tant de cœurs

Arrêtes-la s'il te plaît

Avant que ça n'aille trop loin"


Héritier direct du pape du Rythm and Blues, Ray Charles, Stevie Wonder extrait l'essence de la soul dans son expression la plus sublime. Il est l'archétype vivant et éternel de l'aveugle qui voit, prophète de toutes les humanités. Il n'est nul hasard que cette chanson ouvre et donne le ton d'un album qui restera dans les coeurs pour toujours, étroit chemin d'une espérance lumineuse ouverte à la fenêtre d'un monde opaque et vide de sens.

"Pipes of peace", Paul Mc Cartney


Dans son livre "Paroles&souvenirs", Sir Paul Mc Cartney nous donne quelques unes des clés de son inspiration : "J'ai découvert un livre du poète bengali Rabindranath Tagore, lauréat du prix Nobel. Dans un des poèmes, il y avait un vers qui disait -Allume une bougie-, je l'ai repris et modifié un peu...

C'était peut-être juste l'idée d'allumer une bougie pour célébrer l'amour, mais voilà ce dont je me suis souvenu. Pour moi, c'est ce que nous voulons tous : nous retrouver, nous aimer les uns les autres (de petits enfants qui naissent dans le monde), tout donner jusqu'à ce que la guerre soit gagnée-la guerre qui est la vie, et celle, aux quatre coins du monde, qui mutile la planète....Ma chanson est devenue une sorte d'hymne à la paix, ce qui fut une grande joie pour moi. Tout comme le fait qu'elle ait figuré en tête du hit-parade au Royaume-Uni en décembre 1983....Dès lors que j'ai pris conscience de l'influence que j'exerçais à travers mes chansons, j'ai senti que je me devais d'être optimiste....Cela se retrouve naturellement dans mes chansons parce que je sais qu'elles vont se répandre dans le monde entier, et permettre, je l'espère à ceux qui les écoutent d'emprunter un chemin positif."

A noter le remarquable clip de Keith McMillan qui met en scène des soldats allemands et britanniques jouant au foot lors d'une trêve de Noël 1914.

"Quand les hommes vivront d'amour", Raymond Lésveque

13 août 1974 se tient à Québec le 1er festival mondial de la jeunesse. Témoignage vivant de cet évènement, le disque "Gilles Vigneault chante avec Robert Charlebois et Félix Leclerc, remet en lumière dans une grande ferveur populaire cet incontournable du patrimoine de la chanson francophone. Écrite à la fin des années cinquante par le canadien Raymond Lévesque, ce titre intemporel puise son inspiration dans le contexte tragique de la guerre d'Algérie et reste à l'instar des hymnes précités, un modèle du genre maintes fois repris.

"O freunde, nicht diese Töne", Symphonie N°9 en ré mineur, Op 125 "Choral"(Ludwig Van Beethoven), Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction de Léonard Bernstein, Gwyneth Jones

Décidément étonnants ces musiciens...Bien avant Stevie Wonder, l'aveugle qui voit, Beethoven aura incarné le sourd qui entend le monde au-delà du réel. Victor Hugo dira à ce propos : "Ces symphonies éblouissantes, tendres délicates et profondes, ces merveilles d'harmonie, ces irradiations sonores de la note et du chant, sortent d'une tête dont l'oreille est morte. Il semble qu'on voie un Dieu aveugle créer des soleils."

Probablement exhalté par l'esprit insufflé par la révolution française, Beethoven commence en 1882 la création d'un oeuvre politique ultime. Pour assouvir sa soif créatrice et révolutionnaire, il lui fallait un support écrit d'une grande puissance poétique qu'il trouva en la personne de l'écrivain Friedrich von Schiller. Je ne résiste pas à en retranscrire le texte qui place la barre à une hauteur dont le plafond sera pulvérisé par le génie musical de Beethoven.


"Mes amis, laissons ces plaintes !

Entonnons un chant plus agréable

et plus joyeux !

Joie, belle étincelle des dieux,

fille de l’Élysée,

nous pénétrons, brûlant d’ivresse,

dans ton sanctuaire, ô céleste !

Tes charmes unissent à nouveau

ce que la mode avait rigoureusement

séparé,

tous les hommes deviennent frères,

là où plane ton aile douce.

Qui a réussi le coup de dé

d’être l’ami d’un ami,

qui a conquis une noble femme,

qu’il mêle ses transports aux nôtres !

Oui, qui peut dire, ne serait-ce que

d’une seule âme,

qu‘elle est sienne sur le globe terrestre !

Que celui qui jamais ne l’a pu,

qu’il quitte en pleurant notre alliance !

Tous les êtres boivent la joie

aux mamelles de la nature ;

les bons, les méchants,

tous suivent sa trace de roses.

Elle nous donna les baisers et la vigne,

un ami, éprouvé jusque dans la mort,

la volupté fut donnée au ver,

et le chérubin se tient devant Dieu"


Oeuvre révolutionnaire s'il en est, la 9ème verra Beethoven affranchir les codes du genre en faisant déborder son coeur trop grand dans la magnificence de ce choeur inédit. Schubert dira à son sujet : "Que peut-on faire après Beethoven?". La question demeure tant la symphonie réunit tous les ingrédients d'une véritable métamorphose, transformation de l'homme par la seule joie céleste dans l'union fraternelle. Ici, la musique déborde le texte par une force expressive jusqu'alors inédite donnant lieu à un feu d'artifice final phénoménal. Le choc produit par le 1er concert de cette oeuvre est certainement historique en lui-même. L'onde de choc musicale perdure naturellement jusqu'à aujourd'hui, 250 ans après, marquant le caractère non seulement universel, mais aussi intemporel du propos musical et poétique.

Robert Schuman dira à son sujet : "En fait cette symphonie relate les origines de l'homme. Émergeant du chaos, retentit l'appel de la divinité : Que la lumière soit! Tandis que le soleil s'élève lentement, les premiers hommes se prosternent devant sa gloire. Nous tenons là rien de moins que le récit intemporel de la Genèse".

Depuis sa création, la 9ème, message poétique et politique fut mise à toutes les sauces partisanes à commencer par des amis du compositeur qui dans une lettre ouverte louent sa grandeur pour l'art de la patrie autrichienne. En 1885 à Paris on évoque la 9ème comme "marseillaise de l'humanité". Les nazis en seront très friands avec de nombreuses représentations pour l'anniversaire de celui qui fit fureur.

C'est en 1972 que "l'hymne à la joie" devint hymne européen, étendard glorieux de peuples occidentaux pacifiés dans la fraternité. En France, elle sera jouée au Panthéon pour l'élection de François Mitterand, ainsi que pour celle de notre actuel président Emmanuel Macron. Sans oublier en 1989 la représentation donnée par Leonard Bernstein pour la chute du mur. Bref, l'oeuvre symbolique politique par excellence.


 

A la réécoute de ces oeuvres, diverses, variées, inspirées, nul doute que Churchill avait vu juste. Les arts, constituent par essence une finalité pour l'homme.

Nous l'avons vu, les musiciens occupent par leurs oeuvres une place toute particulière dans l'humanité. Simples témoins sensibles de leur époque, ou génies prophétiques capables des plus grands miracles à l'instar d'un Beethoven ou d'un Stevie Wonder visionnaire qui surent surmonter leur handicap pour délivrer en oeuvres enchanteresses leur noble éthique, les musiciens s'affronchissent des frontières spacio-temporelles pour briser les murs de nos haines à défaut du mur du son.

Et puisque rien ne semble arrêter le despote de Moscou dont on regrette qu'il n'ait pas eu le talent d'adoucir ses moeurs par une écoute attentive de chants pacifistes, la joie musicale doit nous porter dans l'espérance triomphante et fraternelle de lendemains qui chantent. A la suite de Stevie Wonder et de Beethoven, mettons de la joie dans nos larmes en ces temps troublés. Ne craignons pas de profiter de la chance que nous avons de vivre dans un pays dont la force culturelle fait l'admiration de toute la planète. Donnons la chance à nos artistes de vivre dignement de leurs talents qu'ils mettent à notre service. Contribuons à la victoire de la vie sur la mort, à celle de l'art de la joie sur celle du règne de la division et de la haine. Comme Churchill avait raison en affirmant la suprématie de l'art sur les contingences financières! Quel est le prix d'une oeuvre de paix? Quelle est la valeur d'une musique qui traverse les frontières et les époques pour fédérer les peuples? Dans un monde où plus personne ne semble se tourner vers le ciel autrement que pour scruter la peur qui nous tombe sur la tête, il se pourrait bien que la musique soit plus que jamais un instrument spirituel qui donne du sens à ce que nous traversons depuis deux décennies où règnent l'esprit de division et de terreur. Churchill l'avait sans nul doute bien compris à l'instar de Nietszche, il n'est de salut sans notre capacité à donner à nos vies de la Vie dans l'art précieux de ce qu'elle contient de plus essentiel, la musique de la vie. Ainsi, il nous faut l'espérer et le croire, nous n'aurons jamais à nous demander pour quoi nous combattons.


Liberté, Fraternité, Musique!






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