La nouvelle de la disparition de Bill Withers, un des plus grands artistes de la soul musique, a Ă©tĂ© reçue par tout mĂ©lomane ou musicien avec une immense tristesse. Au delĂ de cette Ă©motion, je pense Ă sa famille dans la peine et le deuil, et espĂšre notamment de tout cĆur que sa fille Kori reprendra le flambeau.

"Lean on me"
Si il y a des oeuvres musicales feelgood, que je classifie dans mes playlists selon leurs fonctionnalités et leurs dynamique propres (Feelgood pour dynamiser, Feelbetter pour apaiser, Workfocus pour se concentrer et Workfree pour libérer sa créativité), il y a des artistes feelgood. Bill Withers était de ceux là , ses chansons s'inscrivant notamment dans ce que Daniel Levitin, neuroscientifique et ancien ingé-son, qualifie de chansons d'amitié. Celles-ci ont pour vocation de nous relier dans notre fraternité et de nous consoler. Bill Withers, de la soul, de l'ùme, incarne mieux que quiconque cet ami Feelgood et Feelbetter. Il démontre qu'une musique a priori calme ou triste peut nous faire du bien.
Outre atlantique, dans les affres du virus et du confinement, nombreux le pleurent, nombreux se souviennent, nombreux chantent celui qui mĂȘme mort nous parle et nous soutient plus que jamais:
"Sometimes in our lives we all have pain We all have sorrow But if we are wise We know that there's always tomorrow Lean on me, when you're not strong And I'll be your friend I'll help you carry on For it won't be long 'Til I'm gonna need Somebody to lean on Please swallow your pride If I have things you need to borrow For no one can fill those of your needs That you won't let show You just call on me brother, when you need a hand We all need somebody to lean on I just might have a problem that you'll understand We all need somebody to lean on Lean on me, when you're not strong And I'll be your friend I'll help you carry on For it won't be long 'Til I'm gonna need Somebody to lean on
You just call on me brother, when you need a hand We all need somebody to lean on I just might have a problem that you'll understand We all need somebody to lean on If there is a load you have to bear That you can't carry I'm right up the road I'll share your load If you just call me (call me) If you need a friend (call me) call me uh huh(call me) if you need a friend (call me)"
Vous conviendrez avec moi de la résonance et de la force de cette chanson dans notre triste actualité.
Nous luttons aujourd'hui à travers nos activités télétravaillées, nos diversions salutaires, nos blagounettes, nos échanges digitaux. Dans ce contexte, les chansons de Bill Withers nous tendent une main fraternelle en toute humanité et nous mettent du baume au coeur. En fait elles sont tout simplement le reflet d'un parcours et d'une oeuvre atypiques.
«Avant dâĂȘtre chanteur, jâinstallais des toilettes dans les avions ; croyez-moi, on se passe plus facilement de chansons que de toilettes.»
Bill Withers, archĂ©type du grand songwriter, a puisĂ© son inspiration dans la simplicitĂ© et l'humilitĂ© de ces premiers apprentissages professionnels, de ces premiers mĂ©tiers. AprĂšs avoir surmontĂ© dans sa jeunesse ses problĂšmes de bĂ©gaiement avec l'aide de la musique, il passera 9 ans au service de l'US Navy avant de rejoindre la compagnie Weber Aircraft en tant qu'ouvrier spĂ©cialisĂ© dans l'installation de toilettes dans les avions. C'est Ă seulement 32 ans que notre "working-class hero" perce avec son titre "Ain't no sunshine" pour se consacrer dĂ©finitivement Ă la musique dont il Ă©crira dans les annĂ©es 70 les plus belles pages en toute discrĂ©tion. Il ne sera jamais dupe des ficelles du show-business, prĂ©fĂ©rant toucher le coeur des gens, plutĂŽt que manier les artifices habituels du mĂ©tier. Il est d'ailleurs symptomatique qu'il dĂ©cide d'arrĂȘter sa "carriĂšre" au mitan des annĂ©es 80, alors que l'image Ă travers les clips et MTV allait prendre dĂ©finitivement le pas sur la musique.
"Still Bill"
De la palette intimiste de ses chansons rĂ©alisĂ©es sur le label Sussex, aux titres plus groovy parus chez Columbia Ă partir du milieu des annĂ©es 70, Bill Withers nous laisse un des plus prĂ©cieux legs de la musique soul, celui qui Ă©lĂšve nos coeurs et nos Ăąmes. J'ai la chance de possĂ©der l'intĂ©grale de sa discographie, et croyez-moi, il n'est pas grand chose Ă jeter tant son oeuvre fut celle d'un artisan, qui aura incarnĂ© des valeurs humanistes exceptionnelles. IntronisĂ© en 2015 au Rock'n'Roll Hall of Fame par Stevie Wonder en personne, son hĂ©ritage est immense. Pour vous en convaincre, je vous conseille d'Ă©couter les disques somptueux de Michael Kiwanuka. Quant Ă moi, j'essaierai de toujours me considĂ©rer comme un artisan qui oeuvre en toute simplicitĂ© et sans me prendre au sĂ©rieux Ă enchanter ceux qui m'entourent, au travail et ailleurs. En famille, lors de nos Live Sessions dĂ©sormais hebdomadaires, nous avons tenu Ă lui rendre hommage Ă travers la reprise de "Just the two of us". Est-ce l'Ă©motion, la fatigue du virus? C'est loin d'ĂȘtre parfait, mais le coeur y Ă©tait. Still Bill...
Hommage de Bill Withers Ă regarder en seconde partie du concert, ici https://youtu.be/8IYY1Y0-7jA
Superbe!